Clientélisme et Elections

Date01 October 1983
DOI10.1177/019251218300400406
AuthorEli Diniz
Published date01 October 1983
Subject MatterArticles
519
CLIENTÉLISME
ET
ELECTIONS
La
"Machine
Chaguista"
a
Rio
de
Janeiro
ELI
DINIZ
Cet
article
est
une
tentative
de
caractérisation
des
principaux
traits
de
la
machine
politique
mise
en
oeuere
pied
et consolidée
dans
l’état
de
Rio
de
Janeiro
depuis
1965
sous
le
leadership
de
Chagas
Freitas,
un
politicien
dont
l’expérience
remonte
aux
années
1950.
En
suivant
la
trajectoire
du
groupe
chaguiste,
l’auteur
montre
comment
celui-ci
en
est
venu à
exercer
un
contrôle
oligarchique
du
parti
d’opposition
à Rio.
Ce
faisant,
les
Chaguistes
ont
monopolisé
le
vote
d’opposition
dans
le
système à
deux
partis
existant
de 1965
à
1979.
L’organisation,
les
dynamiques
internes
et
le
style
de
la
politique
de
la
machine
du
parti
sont
analysés
spécifiquement,
aussi
bien
que
l’identification
des
ressources
utilisées
pour
attirer
de
nouveaux
appuis.
Une
emphase
particuliére
est
mise
sure
les
stimulants
et
sur
les
récompenses
matérielles
visant à
se
frayer
un
chemin
dans
la
compétition
entre
partis
et
à
maximiser
les
gains
électoraux
dans
le
contexte
d’une
politique
de
"machines".
De
tels
aspects
révèlent
le
caractère
essentiellement
clientéliste
et
pragmatique
de
la
soi-disant
machine
chaguista.
De
plus, l’article
montre
que
le
clientélisme
tend
à favoriser
un
modèle
fragmenté
tant
des
demandes
que
de
la
décision.
Ces
éléments
définissent
l’impact
essentiellement
conservateur
d’une
politique
de
"machines"
puisque
ses
politiques
sont
limitées
au
domaine
distributif.
L’objectif
de
cet
article
est
de
caract6riser,
dans
leurs
grandes
lignes,
quelques
aspects
de
la
machine
politique’
organis6e
sous
la
direction
de
Chagas
Freitas
a
partir
de
1964
dans
la
ville
de
Rio
de
Janeiro,
qui
etait
alors
la
capitale
de
1’ancien
6tat
de
Guanabara.
Durant
la
pdriode
que
s’6tend
de
1965
a
1975,
ce
qu’il
est
convenu
d’appeler
la
machine
chaguiste
devait
conformer
son
action
a
un
style
essentiellement
urbain.
En
premier
lieu
parce
que
le
domaine
de
ses
activit6s
se
restreignait
a la
ville
de
Rio
de
Janeiro.
En
second
lieu,
parce
que
son
pouvoir
de
mobilisation
gravitait
autour
de
probl6mes
typiques
d’une
grande
m6tropole
dont
le
rythme
de
croissance
etait
acc6ldr6
et
dont
les
indices
d’expansion
parmi
les
couches
de
population
a
bas
revenus
étaient
eleves.
A
partir
de
1975,
cette
machine
6tend
le
but
de
ses
activit6s
et
devient
une
organisation
aux
dimensions
rdgionales.
520
C’est
I’ann6e
ou
le
gouvernement
f6ddral
d6cr6te
la
fusion
de
1’ancien
6tat
de
Guanabara
et
de
1’etat
voisin
de
Rio
de
Janeiro,
promulgant
ainsi
la
cr6ation
d’une
nouvelle
unite
fdd6rde,
le
nouvel
6tat
de
Rio
de
Janeiro.
A
partir
de
IA,
la
machine
chaguiste
d6passe
ses
limites
originelles,
p6n~tre
dans
les
communes
de
1’ancien
6tat
de
Rio
de
Janeiro,
principalement
dans
celles
dont
les
colleges
6lectoraux
sont
les
plus
importants.
Ainsi,
loin
de
se
d6sagr6ger,
elle
6tend
ses
dimensions
dans
1’espace.
Quels
facteurs
pourraient
expliquer
le
surgissement
et
le
renforcement
de
la
machine
entre
1966
et
1979,
c’est-a-dire
tout
au
long
de
la duree
du
syst6me
bipartiste
au
Br6sil?
S’agirait-il
de
facteurs
essentiellement
conjoncturels,
lies
aux
cycles
d’autoritarisme
du
r6gime
politique
implant6
dans
le
pays
a
partir
de
1964?
Ou,
au
contraire,
le
succ6s
politique
et
electoral
de
la
machine
aurait-il
des
racines
plus
profondes
et,
par
cons6quent,
des
bases
moins
mouvantes
et
plus
permanentes?
A
supposer
que
le
chaguisme
vienne
a
disparaitre
en
tant
que
tel,
est-ce
que
disparaitraient
pour
autant
les
conditions
favorables
au
surgissement
d’un
meme
type
de
politique
jusque
et
y
compris
d’une
organisation
semblable
sous
une
d6nomination
nouvelle?
Ce
sont
quelques-unes
des
questions
qui
se
posent
quand
on
rdfl6chit
sur
le
phenomene
chaguiste
et
sur
sa
capacite
de
survie
et
de
croissance
a
travers
les
quatres
6lections
qui
se
sont
d6rouldes
sous
le
syst~me
bipartiste.
Dans
la
tentative
d’avancer
quelques
r6ponses
a
de
telles
interroga-
tions,
nous
croyons
qu’une
connaissance
un
peu
plus
approfondie
de
la
machine
chaguiste,
de
la
dynamique
interne
de
son
fonctionnement,
de
ses
buts,
de
sa
tactique
politique
et
6lectorale,
de
son
orientation
et
des
contours
de
son
id6ologie
pourraient
nous
apporter
quelques
616ments
nouveaux.
LA
MACHINE:
ASPECTS
ORGANISATIONNELS
La
machine
chaguiste
est
une
organisation
complexe
dont
le
fonctionnement
se
dedouble
sur
trois
niveaux
distincts
mais
6troitement
articul6s
entre
eux
et
se
renforcant
r6ciproquement.
Un
de
ces
niveaux
est
celui
de
l’organisation
du
parti,
d’une
importance
stratdgique
pour
la
performance
6lectorale
du
groupe
chaguiste.
Un
pas
ddcisif
sur
la
trajectoire
de
ce
groupe
a
ete
le
controle
du
parti
d’opposition,
1ex-MDB
(Mouvement
Ddmocratique
Br6silien)2,

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