Les Etats Africains de succession française après dix ans d'indépendence
Author | Louis Sabourin |
DOI | 10.1177/002070207002500308 |
Date | 01 September 1970 |
Published date | 01 September 1970 |
Subject Matter | Article |
Les
Etats
africains
de
succession
francaise
apres
dix
ans
d'inde'pendence
Louis Sabourin
Alors
que
1'6rosion
du concept
de
la
souverainet6
des
Etats
appa-
rait
comme
r'un
des
phdnom~nes
les
plus
importants
dans
les
relations
internationales
contemporaines, l'6tude
de
la
politique
interne
et
&trangýre
des
jeunes
pays
du
Tiers-Monde
ne
peut
8tre
abord~e
qu'avec
beaucoup
de
prudence.
Ceci
est
particu-
li~rement
vrai
lorsqu'on
analyse
la
situation
des
anciens
terri-
toires
frangais
d'Afrique.
Pour
bien
comprendre
la
place
qu'occupent
les
pays
africains
de
succession
frangaise dans
le
monde
d'aujourd'hui,
il
est
indis-
pensable
de
faire
valoir,
pour
commencer,
les
fondements
de
leurs politiques
nationale
et
Ctrang~re,
et
les
facteurs
d'union
et
de
d~sunion
entre
ces
Etats.
Nous
aborderons
ensuite
les
princi-
pales
dimensions
des
rapports internationaux
des
pays
franco-
phones
au
sud
du
Sahara
A
savoir
leurs
attitudes
au
sein
des
Nations
unies
(ONU),
leurs
rapports
avec
la
France et
les
rela-
tions
entre
eux
et
avec
les
autres
pays
africains.
I
Dans
un
monde
oii
r'Etat
a
pr&cWdd
la
nation,
ofi
les
problmes
de
subsistance
et
de
d~veloppement
se
posent
avec
acuit6,
ofi
les
divisions
ethniques
et
religieuses
existent
A
l'int~rieur
de
presque
tous
les
pays,
ofi
les
emprunts
A
d'autres
rdalit~s
politiques
et
culturelles
sont
une
condition
de
progr&s
mais
aussi
une
cause
inevitable
de
transformation
et
de
<<
ddnaturation,
de
la
vie
originelle,
le
maintien
de
la
souverainet6
nationale
et
la
notion
de
l'ind~pendance politique
et
Cconomique
prennent
un sens
tr~s
particulier.
Ceci
tient
surtout
au
fait
que
les
probl~mes
auxquels
Directeur
de
r'Institut
de
Cooperation
internationale
de
l'Universitd
d'Ottawa.
LES
ETATS
AFRICAINS
DE
SUCCESSION
FRANCAISE
577
ont
A
faire
face
les
pays
d'expression
frangaise
d'Afrique
sont
si complexes
et
que
les
moyens
dont
ils
disposent
pour
les
r6-
soudre
sont
si
limit~s,
que
le
recours
au
monde
ext6rieur
consti-
tue
une
donn~e
pr~alable
A
leur survie
et
parfois
m~me
de
leur
existence.
Ces
emprunts
ou
cette
d~pendance
de
l'6tranger,
en
particulier
de
la
France,
exercent
une
influence
profonde
sur
le
caract~re
m~me
des
pays francophones d'Afrique.
Le
president
Senghor
aflait
m~me
jusqu'A
declarer,
A
l'occasion du
dixinme
anniversaire
de
l'ind~pendance
de
son
pays
en
avril
1970,
que
les
Africains
francophones Ltaient
les
fils de
la
revolution
fran-
gaise
de
1789.
Un
pass6
colonial
commun,
des
institutions
politiques
et
un
systýme
d'6ducation
d'inspiration
frangaise,
des
fonctions
pub-
liques
r~gies
par
des
statuts
rddig~s
la
plupart
du
temps
par
des
conseillers
frangais,
des
cadres
et
une
elite
form~s
dans
les
grandes
6coles
et
facult6s
de
France,
l'usage
g6n~ralis6
de
la
langue fran~aise
dans
la
conduite
des
affaires
publiques,
une
d~pendance
tr~s
grande
de
Paris
sur
le
plan
de
la
cooperation
et
de
l'assistance
technique,
voila
autant
de
points
qui
poussent
un
grand
nombre
d'observateurs
intemationaux
A
consid~rer
les
pays
d'Afrique francophone
comme
des
Etats
dont
l'ind~pendance
vis-a-vis
de
la
France
s'explique
plus
sur
le
plan
juridique
que
sur
celui
des
faits.
Un
tel
jugement
est
forc~ment
incomplet,
m~me
s'il
tient
compte
de
ph~nom~nes
incontestables.
En
effet,
plusieurs
pays
d'Afrique
francophone
ont
d~jA
pris
leurs
dis-
tances
vis-a-vis
de
la
France
alors
que
les
autres
cherchent,
du
mieux
qu'ils
peuvent,
non pas
tellement
A
r~duire
le
r6le
de
la
France
mais
A
augmenter
celui des
autres
pays
dans
la
poursuite
de
leur
d6veloppement.
<<
L'africanisation
>
et
la
d~colonisation
x>
constituent
deux
des
principaux
objectifs
de
tous
les
rfgimes.
L'empreinte
de la
France
demeure considerable
mais
elle
a
chang6
de
forme
et
d'esprit
A
une
soumission coloniale
forc6e
a
succMd6
une
coop&
ration
volontaire
qui
reste
cependant
le
support
indispensable
du
d~veloppement
de
presque
tous
ces
Etats.
<<
La
n6gritude
x,
con-
cept
liM
au
nom
du
president
Senghor,
a
refl&tC
le
d6sir
des
pays
francophones
d'Afrique
de
bAtir
une
<<
africanith
o
fond~e
sur
le
nationalisme,
le
socialisme
et
l'humanisme.
Mamadou
Dia
ddcla-
rait
de
son
c~te,
A
l'oNU
en
1960:
R
faut,
au
delA
du
marxisme
et
du lib~ralisme,
une
dialectique dynamique
fond~e
sur
la
socia-
lisation
et
la personnalisation
),.
Le concept
de
e
la
n6gritude
X,
qui
n'exclut pas
les
valeurs
occidentales,
a
commenc6
toutefois
A
To continue reading
Request your trial