La formation des cadres administratifs des pays en voie de développement

DOI10.1177/002085236403000305
Date01 September 1964
AuthorE.F. Hentgen
Published date01 September 1964
Subject MatterArticles
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La formation des cadres administratifs
des pays en voie de développement :
Programmes et manière d’enseigner
par
E.F. HENTGEN,
Expert des Nations Unies.
CDU 35.088.6: 330.144.2
Au moment ou un certain nombre de pays
Les quelques r6flexions qui suivent ont
en voie de developpement songent a creer de
pour but de degager une ligno de pens6e et
nouvelles ecoles d’administration ou i revoir
d’action susceptible d’6viter que la formation
les structures de celles qui existent, il parait
des cadres administratifs se traduise par un
opportun d’attirer 1’attention sur deux fac-
enseignement incomplet et inadapt6, imposant
teurs tr~s importants: les programmes et la
aux eleves des matiires inutiles ou n6gligeant
maniere d’enseigner.
certains aspects fondamentaux et qui se solde-
rait, en fin de compte, par un gaspillage re-
Les locaux les plus modemes, le materiel
grettable des energies et des capitaux au detri-
le plus perfectionn6 sont, sans doute, d’autres
ment de l’intkrgt meme du pays concerné.
facteurs favorables mais a quoi bon si 1’en-
seignement ne repond pas aux besoins et ne
tient pas compte - ou insuffisamment -
LES NOTIONS FONDAMENTALES
des problimes particuliers qui se posent en
matiere de formation des cadres adminis-
tratifs.
Les trois notions de d6veloppement, d’Etat
et de population constituent, de toute 6vi-
Pour cela, il ne suffit pas de choisir des
dence, le fondement et -,Ia cl6 d’une formation
matiires plus ou moins empruntees aux pro-
valable des cadres administratifs des pays en
grammes de certaines institutions de forma-
voie de diveloppement. Il est donc indispen-
tion existant dans l’un ou l’autre- pays indus-
sable de les evoquer briivement.
trialise. On sait en effet que, dans la plupart
des cas, ces institutions n’ont pas encore re-
L e défJeloppement
converti leur enseignement - ou si peu -
afin de 1’adapter
Toute
aux exigences nouvelles d’un
nation, digne de ce nom, a le souci
Etat moderne. Si, parfois, il
d’atteindre un stade de
y a un change-
d6veloppement tou-
ment, c’est bien plus souvent gr3ce k l’initia-
jours plus avanc6 et plus complet. Pourtant,
tive de tel ou tel professeur que par la volonte
paradoxalement, on oublie souvent cette vérité
concertee des autorites responsables. Dis
premiire - selon laquelle le dweloppement
lors, le
constitue
contenu d’un cours peut etre modifie
l’objectif no 1 des pays sous-deve-
et adapti alors
lopp6s ou en voie de
que le programme general
developpement - lors-
reste conforme a ce qu’il était à une epoque
qu’il est question de pr6parer I leur tache
ou le role et la fonction de l’Etat n’avaient
ceux qui en sont les artisans indispensables
rien de comparable a
et sans
ce qu’il en est aujour-
lesquels -
qu’on le veuille ou non -
d’hui. Il
les
ne suffit pas plus de disposer de
plus belles intentions en sont reduites a
savants professeurs si c’est
rester des vues de
pour les charger
1’esprit.
d’un enseignement dipassi quant au fond
et ~ la forme.
L’Etat
.
Personnification juridique de la nation,
I’Etat a pour principale raison d’etre le bien
(*) Les vues exprimées dans le présent article sont
personnelles et ne sont pas nécessairement celles de l’Orga-
public It. Mais la conception meme du c bien
nisation des Nations Unies.
public a 6volu6 au point que I’Etat moderne


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ne peut plus se limiter a jouer le r6le de
miques parfaitement inform6s des taches qui
«
gendarme qui fut essentiellement le sien
leur incombent et animes de la volont6 d’at-
par le passe. 11 n’en reste pas moins qu’une
teindre les objectifs que le pays s’est fixes.
situation de justice et de paix demeure le

prealable de tout mouvement vers le deve-
I,a population
loppement. Cela 6tant, s’il n’est pas possible
L’Etat n’existe
de
qu’en fonction de sa
developper
popu-
un pays dans le desordre, le
lation,
maintien de l’ordre
par el.le et pour elle. Cette population,
ne suffit pas, a lui seul,
ce n’est pas seulement la foule des hommes-
pour y arriver. C’est la qu’on touche aux
individus. C’est ~ aussi et
fonctions
surtout 1’ensemble
nouvelles et aux responsabilites
des hommes-citoyens, element d6terminant du
accrues de I’Etat moderne dans tous les do-
Corps
maines
politique et social
qui interessent la vie de la nation :
qui constitue la na-
tion et dont lie consensus - confere son auto-
politique, economique, social, culturel, juridic-
rite a I’Etat.
tionnel, etc.
La realite impose en outre de considerer les
Est-il besoin de dire a quel point ces fonc-
nombreux corps interm6diaires, les collecti-
tions nouvelles prennent de l’importance dans
vites -
territoriales ou autres -
qui regrou-
les pays dont le plus long chemin reste a par-
pent les citoyens en autant de forces politi-
courir et ou I’Etat devient un des agents
ques, 6conomiques, sociales ou culturelles avec
essentiels du d6veloppement? C’est ce que
lesquelles il faut compter. Ces collectivites
G. M.yrdal traduit lorsqu’il dit que : « l’espoir
assurent la liaison Etat-citoyens et sont de ce
de developpement des pays sous-developpes
fait les points de passage obliges de tout dia-
est largement fonction de la capacite de I’Etat
logue valable et de toute oeuvre nationale posi-
en mati6re de planification, de direction et
tive. Au travers de ces corps intermediaires,
meme d’investissements et de production ».
rhomme-citoyen en est a la fois I’agent et la
C’est encore ce que d’aucuns appellent ~ 1’ac-
fin. C’est dire que .1’oeuvre nationale ne peut
tion du Prince
»
tant en vue du demarrage
se construire sans lui ou en dehors de lui.
que de la poursuite et de la permanence de
Bien plus, elle doit 8tre realisee avec lui et
1’oeuvre nationale.
non seulement pour lui.
Des trois 616ments essentiels de 1’Etat : le
On soul6ve la le prob.leme fondamental de
« souverain », au sens le plus large du mot,
la participation de la population et des
le gouvernement et l’administration, celle-ci
groupes qui la composent, directement lie a
est l’instrument indispensable de cette action,
celui des relations entre I’Etat et les citoyens.
la courroie de transmission, vers 1’ensemble
C’est plus qu’une simple association de
du corps social, des mesures d6cid6es par le
pensee, qu’un agr6ment populaire, par ailleurs
gouvernement. Sans administration, I’Etat
indispensable. Pour qu’une nation puisse se
n’est qu’un corps sans bras ni jambes. Sans
d6velopper reellement, il faut aller au-dela et
c bonne administration, c’est un malade ou
en arriver a une action dynamique de part et
un paralytique livr6 aux aleas de sa condition
d’autre. La participation doit etre celle de
et incapable d’agir par lui-même pour son
tous, active et volontaire. 11 ne pourra en etre
plein 6panouissement. C’est dire que les pays
ainsi que si, dans la realisation de 1’oeuvre
dependent pour beaucoup de leur administra-
commune, chacun a sa part d’initiative et de
tion dont 1’efficacit6 et la parfaite adaptation
responsabilit6. Est-il besoin d’ajouter que tout
aux exigences du d6veloppement figurent in-
cela implique une prise de conscience du Pou-
contestablement parmi les principales condi-
voir, une intervention indispensable de 1’Etat
tions de la reussite.
afin de creer ou de parfaire les conditions de
cette
On d6bouche ainsi directement
participation, de l’organiser, de la sus-
sur l’impe’-
rieuse
citer, de la
n6cessit6
guider dans le sens de l’inte’r^et
d’organiser des structures
administratives
g6n6ral, de la soutenir enfin et de l’aider. On
valables,...

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